Démonétisation en Inde: pourquoi évincer les banques coopératives?

23 Nov 2016
Reserve Bank of India

Par Mr Balu Iyer, le directeur régional du bureau Asie et Pacifique de l'Alliance

Le gouvernement indien, sous l’impulsion du Premier ministre Narendra Modi, a pris des mesures courageuses et audacieuses pour diminuer le flux d’argent au noir et éviter la circulation des faux billets.

La démonétisation des billets de 500 INR et de 1 000 INR a été plébiscitée par le public, malgré les difficultés soudaines et les graves perturbations qu’elle provoque dans leur quotidien Si beaucoup font patiemment la queue aux guichets traditionnels que sont les banques et les distributeurs, ils n’en reste pas moins qu’ils utilisent aussi de plus en plus de cartes de crédit et adoptent rapidement les méthodes de paiement mobiles.

Pour répondre à ce besoin national important, il conviendrait de faire appel à tous les véhicules financiers légitimes disponibles pour garantir l’inclusion, améliorer l’efficacité et atténuer les difficultés. Il est donc difficile de comprendre pourquoi les banques coopératives, qui disposent d’un vaste réseau dans les villages, ont été évincées par la Banque de réserve indienne.

La coopérative de crédit Buldana Urban Credit Cooperative Society Limited représente 750 000 membres et réalise un chiffre d’affaire de plus de 1,3 milliard USD chaque année. Lors de la 12e assemblée générale de l’Alliance coopérative internationale Asie-Pasifique (ACI-AP), le discours du directeur général de cette coopérative, le Dr Sukesh Zamwar, était édifiant. Il a évoqué avec regret la peur ressentie par les membres de la coopérative et la perte de confiance dans l’institution coopérative de crédit. «Qu’est-ce que je dois dire à mes membres? Comment leur expliquer qu’ils ne peuvent pas effectuer un dépôt ou retirer de l’argent auprès de leur propre institution?»

Le soutien aux banques coopératives pour leur permettre de collecter des dépôts et d’échanger des billets transcende le spectre politique et les frontières étatiques. Les agriculteurs commencent à exprimer leur frustration en descendant dans les rues.

La sagesse dont fait preuve la Banque de réserve indienne en réduisant les fonctions des banques qui entrent dans le champ d’application de ses mesures n’est toutefois pas claire. De même, difficile de comprendre le manque de soutien accordé aux banques coopératives par la Banque nationale pour l’agriculture et le développement rural et par le ministère de l’Agriculture et de la Protection des agriculteurs, qui ont les coopératives dans leurs attributions.

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