Harry Belafonte : le chanteur et activiste pour les coopératives reçoit un Oscar honorifique

26 Feb 2015

Par David J. Thompson

En november 2014, Harry Belafonte a reçu un Oscar honorifique et le Prix Jean Hersholt. Le monde a vu le chanteur, acteur et activiste pour les droits civils, aujourd'hui âgé de 87 ans, récompensé pour sa longue contribution aux causes humanitaires et au changement social. Certains d'entre nous le connaissent aussi pour le rôle qu'il a joué en tant qu'organisateur et partisan de longue date des coopératives.

En 1958, Harry Belafonte devint célèbre dans le monde entier. Il sortit huit albums et son album Calypso de 1956, avec les titres « Jamaica Farewell » et « Banana Boat Song (Day O) », domina le hit-parade pendant 31 semaines. Belafonte était au faîte de sa popularité et pouvait remplir des salles de concert dans le monde entier et des cinémas dans toutes les villes.

Cependant, malgré sa notoriété et sa fortune, il ne parvenait pas à louer ou à acheter un appartement dans Manhattan avec sa femme. Belafonte écrit dans son livre, My Song : « Le message, implicite ou explicite, était que nous serions plus heureux dans un autre quartier. J'ai bien entendu le message, et j'en ai renvoyé un de ma propre composition en organisant une conférence de presse pour annoncer que j'allais déposer une plainte officielle contre la ville. Une des personnes à lire les nouvelles ce jour-là était Eleanor Roosevelt. »

Dans sa colonne syndicale nationale, My Day, publiée le 20 octobre 1958, Eleanor Roosevelt, ancienne première dame, écrit : « Je suis sûre que tous les New-Yorkais ont été choqués de lire que Harry Belafonte, sa charmante femme et leur bébé, trouvaient presque impossible de louer un appartement dans New York, sauf dans des zones victimes de ségrégation sociale ou dans un hôtel ». Dans cette même colonne, elle ajoute que les coopératives d'habitation constituent l'une des solutions contre la ségrégation.

Quelques mois plus tard, Belafonte et sa femme finirent par trouver un appartement à quatre chambres qui leur plaisait beaucoup, situé au 300 West End Avenue, mais lorsqu'ils essayèrent de le louer, l'appartement fut « tout à coup indisponible ». 

Belafonte raconte : « Furieux, j'ai envoyé un ami blanc – Mike Merrick, mon agent – pour préparer le terrain. Le bail fut immédiatement accepté. Mike me l'a transmis, je l'ai signé de mon propre nom et le bail d'un an fut contresigné ». Lorsqu'il rencontra ses nouveaux locataires, le propriétaire du bâtiment intima Belafonte de faire ses bagages et de partir, mais il refusa.

Belafonte explique : « Le concept des coopératives commençait à peine à prendre pied. Ce que nous proposions allait bientôt devenir une tendance. Nous achèterions entièrement le bâtiment à son propriétaire, puis tenterions de vendre autant d'appartements que possible aux locataires qui y vivaient. Les locataires qui préfèreraient louer pourraient continuer de le faire ».

Belafonte et ses partenaires achetèrent le bâtiment. Belafonte avança la majorité des fonds nécessaires. Les autres locataires achetèrent des parts et la coopérative d'habitation fut créée.

« Nous ne nous sommes toutefois pas contentés d'inviter des amis noirs, notre but était l'intégration, non pas une « ségrégation inversée ». Au final, le 300 West End Avenue était connu sous le nom d’« immeuble de Harry ». À proprement parler, ce n'était plus le cas ; lorsque l’immeuble a été intégralement transformé en coopérative, je n'étais plus propriétaire que de nos appartements combinés au cinquième étage. Mais j'étais heureux d'avoir mon propre foyer ». Le 4 avril 1967, Martin Luther King donne son discours anti-guerre controversé dans l’église de Riverside à New York. Les jours précédant le discours, King est hébergé par Belafonte dans sa coopérative.

Belafonte accorda également une attention particulière à la coopérative Freedom Farm, lancée à Ruleville, Comté de Sunflower, Mississipi, par Fannie Lou Hamer, leader dans la lutte pour les droits civiques. Mme Hamer savait qu'il n'y aurait pas de sécurité à moins qu'une coopérative devienne propriétaire de la terre au lieu de la louer. Seuls 71 noirs possédaient de la terre dans le Comté de Sunflower, qui comptait pourtant une population noire de 31 000.

En 1969, Belafonte écrivit une lettre pour convaincre les gens de verser des fonds afin de permettre à la coopérative Freedom Farm d'acheter des terres. Dans sa lettre, Belafonte écrit que Freedom Farm est un « exemple d'initiative, de coopération raciale et de militantisme politique digne du soutien de tous les Américains honnêtes ». Grâce aux divers efforts de financement, la levée d'argent suffit pour acheter plus de 283 hectares.

À cette époque, Belafonte devint aussi fervent partisan de la Federation of Southern Cooperatives (Fédération de cooperativés du sud) et de ses nombreux programmes dans tout le Sud.  Il travaille toujours avec la Federation sur les problèmes actuels.

Nous lui sommes véritablement reconnaissants pour sa vie d'activisme social et le soutien continu qu'il a su apporter aux coopératives en tant que solution.

Photo : Harry Belafonte

LATEST COOPERATIVE NEWS

The ICA is looking for a Global Conference Assistant…

“This is the story of how ordinary people made…

The International Cooperative Alliance (ICA) knows that…